Endométriose & infertilité : un lien significatif

L’endométriose peut avoir un impact significatif sur la fertilité des femmes. Cette association entre endométriose et infertilité a suscité une attention considérable au sein de la communauté médicale. Pour mieux comprendre cette relation complexe, examinons les facteurs et les options de traitement qui entrent en jeu.

Prévalence de l’infertilité dans l’endométriose

L’infertilité est l’un des problèmes les plus courants associés à l’endométriose. Environ 30 à 50 % des femmes atteintes d’endométriose éprouvent des difficultés à concevoir. Cependant, il est important de noter que l’infertilité ne se manifeste pas de la même manière pour toutes les femmes atteintes d’endométriose. Elle peut prendre différentes formes :

  1. Infertilité tubaire : L’endométriose peut entraîner des adhérences ou des cicatrices dans les trompes de Fallope, empêchant ainsi les ovules de se déplacer efficacement vers l’utérus ou de rencontrer les spermatozoïdes.
  2. Infertilité ovulatoire : Certaines femmes atteintes d’endométriose peuvent présenter des anomalies hormonales qui affectent l’ovulation, ce qui rend difficile la libération d’un ovule mature.
  3. Infertilité utérine : Les implants d’endométriose peuvent altérer la cavité utérine, affectant ainsi l’implantation de l’embryon.
  4. Infertilité inexpliquée : Dans certains cas, l’endométriose peut coexister avec d’autres facteurs d’infertilité, rendant l’origine de l’infertilité plus difficile à déterminer.

Traitements de l’infertilité liée à l’endométriose

Heureusement, il existe plusieurs options pour traiter l’infertilité liée à l’endométriose. Le choix du traitement dépendra du type et de la gravité de l’endométriose, de l’âge de la patiente et de ses objectifs de fertilité. Voici quelques-unes des options de traitement les plus courantes :

Stimulation ovarienne contrôlée (SOC) : Cette méthode implique l’utilisation de médicaments pour stimuler la croissance des follicules et l’ovulation. Elle est souvent associée à l’insémination intra-utérine (IIU).

Fécondation in vitro (FIV) : La FIV est une option lorsque les trompes de Fallope sont obstruées ou que d’autres problèmes liés à l’endométriose affectent la fertilité. Les ovules sont prélevés, fécondés en laboratoire, puis les embryons sont transférés dans l’utérus.

Chirurgie de l’endométriose : Pour certaines femmes, la chirurgie laparoscopique peut être nécessaire pour éliminer les implants d’endométriose et corriger les anomalies anatomiques qui entravent la fertilité.

Prise en charge en fonction du type d’endométriose : Le choix du traitement dépendra également de la localisation de l’endométriose. Par exemple, dans les cas d’endométriose profonde avec atteinte des organes pelviens, une intervention chirurgicale peut être la meilleure option pour éliminer les lésions et restaurer la fertilité.

La Préservation Ovocytaire : Un Enjeu Majeur pour les Femmes Atteintes d’Endométriose

La cryoconservation des ovocytes, joue un rôle essentiel pour les femmes atteintes d’endométriose qui envisagent la maternité à l’avenir.

La Préservation Ovocytaire comme Option. Face à l’incertitude liée à la fertilité et conscientes des défis que l’endométriose peut poser, de nombreuses femmes atteintes de cette condition optent pour la préservation ovocytaire. Cette procédure permet de préserver les ovocytes dans leur état actuel, en les congélant, afin de les utiliser plus tard lorsque la fertilité peut être compromise.

Voici pourquoi la préservation ovocytaire est importante pour les femmes atteintes d’endométriose :

  • Protection de la fertilité future : La préservation ovocytaire permet aux femmes d’endométriose de préserver leurs ovocytes à un stade de qualité optimal, avant que l’endométriose puisse potentiellement affecter leur réserve ovarienne.
  • Flexibilité dans la planification familiale : Cette option offre aux femmes atteintes d’endométriose la possibilité de concevoir lorsque le moment est le plus opportun pour elles, sans se soucier de la progression de la maladie.
  • Réduction du stress psychologique : La préservation ovocytaire peut réduire l’anxiété liée à l’infertilité chez les femmes atteintes d’endométriose, car elles ont une solution proactive pour préserver leur capacité à devenir mères.
  • Amélioration des chances de réussite : La qualité des ovocytes diminue avec l’âge. En préservant les ovocytes à un âge plus précoce, les femmes augmentent leurs chances de concevoir avec succès plus tard.

Consultation avec un Spécialiste

Il est essentiel pour les femmes atteintes d’endométriose et d’infertilité de consulter un spécialiste de la fertilité ou un gynécologue expérimenté dans la prise en charge de cette condition. Une évaluation approfondie de l’endométriose, de la fertilité et des options de traitement est nécessaire pour élaborer un plan de soins personnalisé.

La préservation ovocytaire n’est pas une décision à prendre à la légère. Il est essentiel de consulter un spécialiste de la fertilité ou un gynécologue expérimenté dans la prise en charge de l’endométriose pour discuter de vos options, des implications et du processus de cryoconservation des ovocytes.

En fin de compte, la procréation médicalement assistée et la préservation ovocytaire offrent aux femmes atteintes d’endométriose une lueur d’espoir dans leur parcours vers la maternité. Elle permet de prendre le contrôle de leur fertilité et de planifier l’avenir de manière proactive, offrant ainsi une réponse rassurante face aux incertitudes liées à l’endométriose.

Bilbliographie endométriose et infertilité

Un nouvel arbre de décision peut aider à identifier les patientes atteintes d’endométriose qui sont les plus susceptibles de bénéficier de la reproduction assistée pour concevoir après une chirurgie laparoscopique.

Des chercheurs argentins ont développé un arbre de décision qui peut aider à identifier les patientes qui pourraient avoir besoin de techniques de reproduction assistée pour tomber enceintes après une chirurgie pour l’endométriose.

De cette manière, le délai entre la chirurgie et la grossesse pourrait être réduit au minimum et le résultat global pourrait être amélioré.

Pour identifier les facteurs qui jouent un rôle dans la conception naturelle après une chirurgie pour l’endométriose, une équipe de chercheurs dirigée par le Dr Diego Gnocchi de FERTILIS Medicina Reproductiva à Buenos Aires, en Argentine, a mené une étude rétrospective entre 2014 et 2020, suivie d’une période de suivi de deux ans sur 200 patientes, âgées de 25 à 43 ans, qui souffraient d’infertilité liée à l’endométriose et qui avaient subi une chirurgie laparoscopique. Parmi elles, 33 se sont vu prescrire une reproduction assistée immédiatement tandis que 167 ont choisi de ne pas avoir recours à la reproduction assistée. Parmi celles qui ont choisi de ne pas avoir recours à la reproduction assistée, 120 sont tombées enceintes naturellement tandis que 47 ont finalement eu recours à la reproduction assistée.

Les chercheurs ont observé une tendance à une endométriose plus sévère chez les patientes à qui une reproduction assistée a été prescrite immédiatement par rapport à celles qui ont attendu pour tomber enceintes naturellement. En revanche, il y avait une tendance à une endométriose moins sévère chez les patientes qui sont tombées enceintes naturellement.

Lorsqu’ils ont analysé le temps nécessaire pour tomber enceintes, les chercheurs ont constaté que les patientes qui ont refusé la reproduction assistée sont tombées enceintes naturellement en moyenne en 5,7 mois, tandis que celles qui ont initialement refusé la reproduction assistée mais qui y ont finalement eu recours ont mis 1,8 fois plus de temps pour tomber enceintes. Une fois la reproduction assistée prescrite, cependant, les patientes qui l’avaient initialement refusée sont tombées enceintes dans un délai similaire à celles qui ont conçu naturellement.

Pour identifier les patientes qui pourraient bénéficier d’une reproduction assistée dès le début, les chercheurs ont mené une analyse multivariable et développé un arbre de décision avec une précision de 81,3% et une sensibilité de 53,3%.

« Les résultats présentés ici soutiennent d’autres études qui ont suggéré que le traitement chirurgical de l’endométriose pourrait améliorer les taux de grossesse spontanée », ont conclu les chercheurs.

L’étude est publiée dans JBRA Assisted Reproduction.